Lendemain de soirée : quid de la culotte ?

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« Il faut semer son blé partout »Mes Inscriptions, Louis Scutenaire, poète surréaliste belge.

Ce matin là, j’étais dans une situation pour le moins inconfortable.

Pas dans mon lit, pas chez moi, même pas dans mon tier-quar, le mal de tête de plus en plus palpable (j’avais encore bu trop de jus d’orange, je manque de self-control) et, surtout, à côté de moi dans ce même lit, CE JEUNE HOMME, l’ami de l’ami de mon ami certes, mais qui n’en était pas moins un inconnu au bataillon jusque là, et qui avait l’air bien plus beau et intéressant hier soir après quelques verres de jus d’orange, justement.

Sans surprise, j’ai eu envie de partir, de filer à l’anglaise, avec classe et détachement comme il se doit. Je décidai d’inventer un rendez-vous « totalement zappé » : « Oh mince ! J’avais un brunch à 10h ! » (oui, on est à Paris). Sauf que… Ma culotte ! Où donc avais-je bien pu laisser ma culotte ? Dans une vie idéale je l’aurais mise là où toute culotte se doit d’être, sur moi. Ou bien, au cas où l’envie m’eut prise de la retirer (mais après tout, pourquoi ?), je l’aurais délicatement pliée et posée au pied du lit. Mais non. Non, elle n’était ni sur moi ni à portée de vue. Gênée par l’évocation-même de ce qui avait bien pu mener ma culotte loin de moi, j’élaborai mon plan d’action.

Mais voilà que je me trouvai dans la deuxième phase inconfortable de la situation. Partir comme je le souhaitais si fort supposait de me lever de ce lit, nue, et de chercher la satanée culotte dans le chaos de cette chambre d’homme. Nue, à piétiner la moquette, à m’accroupir pour regarder sous les meubles, à me pencher pour jeter un œil derrière la porte, sur la poignée de la fenêtre, le tout sous le regard de ce type ? Non, c’était trop loin de l’attitude classe et détachée que je m’étais imposée.

« Tant pis pour le brunch, je suis crevée ». Sauf qu’à cette bonne nouvelle, le type, jusque là anéanti par la l’idée de mon départ précoce, reprit ses aises et tenta un câlin aux effluves matinales. Non, non, pitié non !! « Je dois aller à mon brunch en fait » !

J’opère dans un premier temps le soulèvement de la partie supérieure de mon corps. Me voilà en position assise. J’enjambe le mec en me persuadant que j’ai la classe et le détachement de rigueur. Je m’assois sur le rebord du lit. Je me rassure en m’imaginant à la place du bonhomme, m’observant de dos, et visionnant un corps harmonieux comme une belle guitare, un peu comme ça :

Back Catalogue, de Storm Thorgerson, je suis la deuxième en partant de la droite

Radar activé. Je parcours la pièce des yeux. ELLE EST LÀ ! Ni une ni deux, je me jette dessus, la récupère et l’enfile. Suivent jean soutien-gorge et le reste. Je salue l’ami de l’ami de mon ami et pars.

Une fois retournée dans la paix et la sécurité de mon studio, je me demande : ne valait-il pas mieux abandonner ma culotte chez cet homme qui a eu la chance et l’honneur de me rencontrer ?

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PÉNIBLES

3 Comments

  1. Charmante petite histoire sans vulgarité… juste la petite étincelle nécessaire à créer de l’envie.

  2. Début d’histoire bien écrit qui ne ménage pas son suspens.
    On regrette la chute un peu facile qui permet d’éluder la réponse au vrai problème:
    Que faire quand à l’inverse de cette petite ingénue, on ne retrouve vraiment pas sa culotte (ou son slip français de gros hipster) ?!
    – Tenter d’atteindre son legging panthère et risquer de dévoiler sa minouche en plein jour à Jean-Mi l’ami de l’ami d’un ami, qui fait semblant d’écrire un sms alors qu’il prend des photos souvenirs ?
    – Prendre sur soi, laisser Jean-Mi rejouer de ce gracieux banjo en mode « IZ – Over The Rainbow » (How romantic !!) et subtiliser son slip à l’énergumène une fois assoupi ?
    – S’inspirer de la photo ci-dessus et se « bodypainter » la culotte de ses rêves ?

    D’avance merci pour les ébauches de réponse.

    • Toute suggestion est bonne à prendre. Princesse du Maquis, si vous souhaitez laisser aller votre plume, une rubrique est faite pour vous : Le Salon de Thé !

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