La Révolution sous le voile, Fariba Adelkha
Editions Karthala, 2000
Genre : Anti-sociologie de comptoir
Aboutissement de plusieurs années de recherche de terrain à Téhéran, entre 1985 et 1987, cet ouvrage traite le sujet des femmes islamiques dans la révolution iranienne de 1979. Pourquoi ? Parce que cette question est trop souvent réduite au voile et les femmes islamiques trop souvent perçues comme des êtres assujettis et manipulés. Fariba Adelkha démontre que la révolution iranienne est un événement plein de nuances, et que, conséquemment, la place des femmes dans la société iranienne avant, pendant et après la révolution est tout aussi subtile, plurielle et complexe.
Pour répondre à la stigmatisation fréquente dont le voile fait l’objet en Occident, l’auteure y consacre une partie importante de son ouvrage. A contre-courant des idées bien souvent propagées à ce sujet, elle montre que le voile est perçu par les femmes islamiques non pas comme l’image même du mutisme imposé à la femme et de sa soumission au principe de l’inégalité des sexes, mais bien comme l’instrument qui lui a permis d’accéder à l’espace social et d’y être reconnue comme actrice à part entière.
A la lecture de cet ouvrage, on se rend d’autant plus compte que la condition féminine n’est que le fruit de pratiques, et les pratiques sont changeantes. Les femmes islamistes participent à la redéfinition des pratiques en Iran. Elles sont les parties prenantes de l’invention d’une modernité iranienne souvent mal perçue des observateurs occidentaux. Certes, la définition de cette modernité est souvent conflictuelle et politique, des règles sont largement propices à la critique et au débat, mais ni les islamistes ni les non‐islamistes ne gagnent la bataille.
Les modes vestimentaires en Iran, dans le cadre de l’obligation du voile, sont la marque la plus évocatrice de ce processus de définition et de négociation de ce qu’est et doit être la société iranienne sous la république islamique.
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