Thibaud et Jean, l’aventure Katxi Klothing

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« Katxi Klothing »… De quoi perdre tout francophone non-bascophile en deux simples mots. Ça se prononce comment d’abord, Katkssi ? Pour ceux qui n’ont toujours pas retenu la leçon avec BiCHente Lizarazu, le « x » en basque se prononce « ch ».

Car c’est bien au Pays Basque que l’on se trouve. Plus précisément à Saint Jean de Luz, où je retrouve Thibaud Lenoir et Jean de Jaureguiberry, deux amis de longue date qui viennent de lancer Katxi Klothing, une marque qui prône une « vision moderniste d’un style basque et branché ».

Pour la petite histoire, « katxi » en basque, ça veut dire pinte, comme une pinte de bière. Pourquoi Katxi alors, si c’est bien d’une marque de vêtements qu’on parle ? Parce-que les Katxi à Saint Jean de Luz, c’est toute une histoire : celle d’une bande de mecs qui ont tous un « K » tatoué quelque part sur le corps, et surtout celle d’un rêve de gosses qui remonte à dix ans maintenant…

« On avait 15 ans, on préférait réinvestir les bénéfices dans les bières que dans la marque ! »

Elle vient d’où cette idée de lancer Katxi Klothing ?

Thibaud : Elle est très vieille ! En seconde, on était internes au lycée de Betharram (ndlr. : connu au Pays Basque pour être le collège-lycée où l’on envoie les élèves légèrement cancres et coquins qui ont besoin d’être un tantinet recadrés), un endroit où il n’y a pas beaucoup de choses à faire et où on est très cadrés, constamment forcés de travailler en étude sans avoir vraiment de travail (pas de travail nécessaire quoi !). Or, Jeannot a toujours adoré dessiner au lieu d’écouter en cours, et moi j’ai toujours adoré ce qu’il fait.

A l’époque il dessinait souvent un petit bonhomme basque, avec un béret et un foulard. Et on s’est dit que ce serait sympa d’en faire des tee-shirts et de lancer une marque, qu’on a décidé d’appeler Katxi. On ne saurait même pas dire d’où vient le nom. On passait nos dessins aux gens en étude pour qu’ils votent pour leurs préférés et on en a fait des tee-shirts, une cinquantaine. Tous nos potes s’étaient foutu de nous mais au final ils les ont achetés et ont commencé à les porter, à tel point qu’on a fini par nous appeler les « Katxi » à Saint Jean de Luz.  Et évidemment, on a dépensé tous nos bénéfices dans la bière au lieu de réinvestir dans notre marque. On n’avait que 15 ans…

Vous portiez finalement bien votre nom ! Il s’est passé quoi 10 ans après, alors ?

Jean : On a fait nos études, d’abord ensemble en école de commerce, puis séparément : Thibaud a continué dans le commerce et moi j’ai fait une école de graphisme à Paris. On a pris nos propres chemins !

Thibaud : Moi je suis revenu d’une expérience aux Etats-Unis dans l’idée de rester ici au Pays Basque et de créer ma boîte. Mon idée c’était de développer un tour opérateur hors sentiers battus au Pays Basque, qui rende le touriste heureux ! Mais je me suis rendu compte après une grosse étude de marché que le projet n’était pas forcément viable. Et en parallèle, à chaque fois que je retrouvais Jeannot en soirée on finissait par reparler de notre vieille idée de lancer notre marque. On a donc décidé de bosser à fond, de mettre de l’argent de côté et de se lancer (et plus proprement qu’à l’époque !).

Jean : Et aujourd’hui dix ans après, avec nos parcours respectifs, on se retrouve parfaitement dans le projet !

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Le pull « Klassik » (40€) avec le bonnet « K » (15€)

Techniquement, qui fait quoi ?

Jean : On partage tout ! Moi je dessine, mais le logo par exemple on l’a vraiment fait à deux. Idem pour le choix des modèles : on choisit à deux. Il faut dire qu’on est pas vraiment structurés, on fait surtout les choses au feeling. Même pour le nom : « Klothing », c’est sorti comme ça en 30min, on peut pas parler d’une séance de brainstorming poussée… On utilise en fait des mots en « K » depuis toujours avec la bande de potes : on signe « Kordialement », par exemple.

« On veut que les Basques se retrouvent dans notre marque »

Vous définissez votre marque comme « une vision moderniste d’un style basque et branché ». Ça veut dire quoi un style « basque et branché » ?

Jean : Ça veut dire sortir des clichés du béret, du piment, du berger…  Ce n’est pas que le surfeur et la côte basque non plus. On veut une marque qui représente tous les atouts du pays basque : le surf mais aussi la montagne, la culture, les artistes, l’histoire, les traditions…

Thibaud : C’est vrai qu’il y a des marques d’ici qui marchent déjà très bien et dont on s’inspire, comme Loreak Mendian par exemple, mais globalement il n’y a pas vraiment de marque qui représente le Pays Basque sans tomber dans le cliché du piment… En fait il n’y a pas vraiment de marque basque qui ne soit pas destinée d’abord au touriste. On veut que les Basques se retrouvent dans notre marque.

Jean : Et l’identité basque qu’on revendique, elle apparaît dans le nom, mais aussi dans nos graphismes. Sur nos derniers tee-shirts par exemple, on reprend l’image du danseur traditionnel souletin, qu’on décline avec un morceau de l’oeuvre de Eduardo Chillida, un des plus grands artistes basques, celui qui a fait les « Peignes du vent » à San Sébastien. Donc tout en proposant des gammes très simples et épurées, on se distingue avec ces touches purement basques.

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Les fameux tee-shirts très basques et très Kool

« On ne peut pas dire qu’on est basques, attachés à notre environnement, et acheter des produits pas du tout éthiques au Bangladesh ! »

Vos produits sont « 100% éco-recyclés ». Qu’est-ce que ça signifie ?

Thibaud : On achète nos produits à Londres auprès d’une centrale d’achats qui les fait fabriquer en Inde. Mais attention, c’est pas le « made in India » auquel on s’attend ! Leurs produits sont certifiés 100% biologiques, fabriqués avec des matières recyclées, et labellisés « social work », ce qui certifie que des conditions de travail dignes sont respectées (salaire minimum assuré, temps de travail légal, usines propres, pas de travail d’enfants etc.). Ils travaillent également au maximum en circuit-court, pour limiter les transports superflus par exemple.

Jean : Même si on a décidé de ne pas axer notre communication sur ce point, c’était très important pour nous d’être éco-responsables, parce qu’on ne peut pas dire qu’on est basques, attachés à notre environnement et à nos traditions, et en contrepartie acheter des produits pas du tout éthiques au Bangladesh ou ailleurs.

Thibaud : On tenait aussi à ce que nos produits soient fabriqués le plus possible localement : les sérigraphies par exemple sont faites à Lesaka (ndlr : ville basque-espagnole), et c’est Jeannot lui-même qui coud les étiquettes en cuir sur les pulls (c’est ma grand-mère qui lui a appris). On privilégie le fait-maison.

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Des hommes qui cousent, si c’est pas moderne ça !

Votre identité vous est bien particulière, mais pourquoi on achèterait un pull Katxi et pas un autre ?

Thibaud : Parce que c’est Kool ! (ndlr. : en « K » dans le texte). Plus sérieusement, parce que ça représente vraiment le jeune basque et son style de vie un peu « à la cool ».

Jean : C’est aussi un moyen de promouvoir la culture basque et ses racines qu’on a tendance à oublier. On revient sur nos racines, tout en restant moderne et tendance. C’est presque une mission éduKative, en fait !

Quelles sont vos perspectives pour la suite ?

Thibaud : On se penche actuellement sur le développement d’une collection femme. Mais on a énormément d’autres idées ! Regarde, à la base on voulait faire que des tee-shirts, et on s’est retrouvés avec des pulls et des bonnets ! En fait ce ne sont pas les idées qui sont les plus difficiles à avoir, c’est plutôt leur mise en oeuvre. Mais on préfère ne pas en dire trop, car on aime bien jouer sur le mystère et la surprise…

Jean : En tous cas la prochaine étape c’est avant tout de créer notre site Internet !

Maintenant qu’on s’est (presque) tout dit, dites-nous : en quoi êtes-vous PÉNIBLES ?

Thibaud : Moi je suis gamin je pense.

Jean : Ah oui moi aussi ! On est trop tranquilles, trop cools, pas très organisés. Et puis on est pénibles tout court pour notre entourage, parce qu’on passe notre temps sur le projet et on ne parle que de ça, au détriment de nos petites amies parfois !

Thibaud : Mais on grandit avec ce projet du coup ! Et d’ailleurs on remercie Mattin et les autres Katxi qui nous aident aussi beaucoup dans l’aventure !


Nous, chez PÉNIBLES, on aime, on valide, et on vous invite à découvrir leur Kollection sur leur page Facebook en attendant leur site Internet Kool et branché !

Bonne continuation à Katxi Klothing, qu’on a réussi à déshabiller sans les dévêtir de leurs jolis pulls !

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Manuela

5 Comments

  1. Article très intéressant! Ça fait du bien de lire que de beaux projets comme celui-ci existent: partir d’un rêve de gosse et pouvoir en vivre en respectant ses propres valeurs et tout çà en diffusant de la culture autour de sois! Bravo les gars et bonne continuation!

    P.S.: Manuela je suis fan de ta prose! Vivement ton prochain article.

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