©Parc Film

Vous allez me dire que ce n’est pas un sujet bien printanier. Mais c’est sans compter sur la pluie diluvienne qui s’est abattue sur nos têtes il y a quelques jours encore, en plein mois de mai. C’est sans compter sur la perspective morbide de passer, encore, un été à Paris, à broyer du noir sous le crachin incongru du mois d’août pendant que les amis (les lâches !) sirotent du Coca Light à la plage. Bref, c’est juste sans compter sur le fait que la pluie n’attend pas l’automne pour pleuvoir.

Par conséquent, pour mieux résister à ces agressions météorologiques, qui ruinent le moral aussi bien que les chaussures en daim toutes neuves, il est capital (absolument ca-pi-tal) de trouver sa place sous un parapluie.

À toutes celles qui ont vainement tenté de maintenir leur parapluie droit vers le ciel alors que le bus approchait, annonçant la nécessité imminente de sortir leur pass Navigo de la poche intérieure de leur sac à main, alors même que Môman accapare déjà leur main droite au téléphone, à tous ces gens LÀ qui n’ont PAS réussi à maintenir leur parapluie déjà retourné par le vent droit vers le ciel, j’adresse ce message.

Marcher seul sous un parapluie

Puisque vous avez l’habitude de lire la dernière phrase d’un bouquin avant de l’entamer, vous savez déjà que la deuxième partie de cet article aborde le thème de la marche à deux sous parapluie. En comparaison, marcher seul vous paraît donc si facile que vous considérez que ce paragraphe mérite d’être effacé sur le champ.

Marcher sous un parapluie quand il vente

Pourtant, n’avez-vous jamais expérimenté l’ouverture d’un parapluie quand il vente ? Vous pensez alors que le parapluie sauvera vos cheveux péniblement brushés des monstrueux frisottis. Que ce parapluie fera office d’un nid douillet portatif pour traverser la tempête qui fait rage. Mais à coup SÛR, disons 3,6 fois sur 4, le vent souffle contre votre parapluie.

Alors vous courbez le dos et placez votre parapluie comme un bouclier, espérant qu’il ne cèdera pas à la pression du vent. Vous jetez un oeil envieux à tous les concitoyens alentours, qui marchent la tête haute sous leur parapluie arrogant (souvent jaune ou rouge), plus grand, plus beau et plus solide que le vôtre.

Et vous avez honte de vous-même, car ça se voit que votre parapluie a coûté 5€ (ou pire, 29,99€ !) mais que vous n’êtes pas digne de sa protection. Et vous vous courbez tellement contre le vent qu’il devient dur d’avancer, et votre allure se fait lourde, et plus lourde encore, jusqu’à ce que vous abandonniez la course.

Debout face au vent, vous appuyez sur la gachette et votre misérable parapluie se rétracte (s’il ne s’est pas retourné avant). Vous voilà marchant tête nue sous la pluie, sans avoir trouvé votre place sous le parapluie.

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Croiser quelqu’un sur un trottoir quand on marche sous un parapluie

Quand il ne vente pas, vous faites face à une autre épreuve : celle de croiser quelqu’un sur un trottoir quand on marche sous un parapluie. À ce moment-là, se pose la question des gabarits. Si la personne que vous vous apprêtez à croiser possède également un parapluie, alors vous entrez dans un duel de cow-boys. À quelques mètres l’un de l’autre, les adversaires prennent conscience que l’un d’eux devra forcément céder devant l’autre pour faciliter le croisement.

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« L’un devra mourir de la main de l’autre car aucun ne peut vivre tant que l’autre survit » – Dumbledore

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Au coeur de ce duel, la faiblesse survient d’un côté ou d’un autre et se traduit de plusieurs manières : soit le faible tend le bras un peu plus haut pour que son parapluie passe au dessus de celui de son adversaire ; soit le faible penche son parapluie à l’opposé de son adversaire pour assurer à ce dernier un passage sans carambolage. Pire, le faible peut décider de s’arrêter d’office pour dérouler le tapis rouge de la marche sous parapluie à son adversaire. À vous de savoir si vous appartenez au clan des faibles ou à celui des gagnants.

Marcher à deux sous un parapluie

Dans Umbrella, Rihanna la parolière chante :

Quand le soleil brillera, nous brillerons ensemble
Dis-toi que je serai là pour toujours
J’ai dit que je serai toujours une amie
J’ai fait un serment j’y serai fidèle jusqu’au bout
Maintenant qu’il pleut plus que jamais
Je sais que nous serons toujours là l’un pour l’autre
Tu peux rester sous mon parapluie
Tu peux rester sous mon parapluie
(Ella ella eh eh eh)
Sous mon parapluie
(Ella ella eh eh eh)
Sous mon parapluie
(Ella ella eh eh eh)
Sous mon parapluie
(Ella ella eh eh eh eh eh eh )

« Tu peux rester sous mon parapluie. Sous mon parapluie. Sous mon parapluie. » Elle le promet et jure qu’elle restera fidèle à son engagement pour toute la vie. Cela n’a rien d’une promesse facile. Au contraire. C’est une preuve d’amour inestimable. Car il n’y a rien de PIRE que de marcher à deux sous un parapluie.

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Marcher à deux sous un parapluie quand on ne mesure pas la même taille

Vous pouvez tout essayer, il n’y a pas de solution. Si c’est la personne la plus petite des deux qui tient le parapluie, alors l’autre est contraint de marcher le buste penché vers son acolyte de sous-parapluie, risquant le torticolis et la scoliose jusqu’à abandonner la course et accepter la fatalité des cheveux mouillés. Résultat : la grande personne est irritée, et la petite personne culpabilise de ne pas avoir su apporter son aide à son ami. Par solidarité, il y a de fortes chances qu’elle active la gachette et referme son parapluie. Aucun des deux n’a donc trouvé sa place sous le parapluie.

Si c’est la personne la plus grande des deux qui tient le parapluie, alors la plus petite a le dôme de toile si haut au dessus de sa tête que toutes les gouttes de pluie ont l’occasion de lui tomber dessus par des trajectoires transversales. Par politesse, sachant que les rôles inversés offriront une position encore moins commode à la grande personne, la petite personne accepte son sort puis finit par sortir de l’enceinte vaine du parapluie.

Note : sans que l’on puisse l’expliquer, il est très rare dans cette situation que la grande personne fasse preuve de solidarité en retour et cède son parapluie. 

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Marcher à deux sous un parapluie quand on mesure la même taille

Là, vous pensez que tous vos problèmes sont réglés, car le dôme du parapluie peut couvrir équitablement vos deux têtes, à condition que vous restiez collés l’un contre l’autre, épaule contre épaule (ce qui, suivant la personne avec laquelle on partage son parapluie, peut être désagréable. On en revient donc au degré d’intimité requis pour marcher à deux sous un parapluie).

Mais alors même que vous trouvez, à deux, votre place sous le parapluie, le vent survient et un couple de marcheurs sous parapluie apparaît là, juste devant vous, sur le trottoir.

Comme la pluie, ces mésaventures ne sont que des éternels recommencements.

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Nous conclurons donc par un proverbe entendu un jour quelque part :

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« La plus belle preuve du bonheur, c’est de sourire quand il pleut ! » – Quelqu’un, quelque part.

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