Ces derniers temps, j’avais pris l’habitude de traîner au lit après avoir cloué le bec à mon réveil. Juste quelques minutes, pour le plaisir de rester sous la couette chaude. Mais je devais bien le reconnaître : il devenait de plus en plus dur de sortir de mon cocon de douceur. Alors l’idée a fait son bout de chemin. Et si plutôt que de me tapir sous les draps je sautais du lit comme avant ? Si c’était ça le secret ?
–
Le piège des minutes bonus
Bon, moi je restais au lit, à repenser à mon rêve et à zoner sur mon smartphone, mais d’autres appuient sur le bouton snooze pour se rendormir quelques minutes avant un second réveil. Dans les deux cas, il s’agit de faire durer le plaisir. Moi je me dis que je m’offre un réveil en douceur, eux se disent que ce sera toujours 5 minutes de sommeil de gagnées.
Mais non ! Ces 5 minutes sont simplement 5 minutes de perdues (si on ne prend pas en compte la dimension plaisir). Le professeur de psychologie à l’université de Duke (USA) Dan Ariely qualifie l’idée d’hypothèse erronée et de réflexe à proscrire. Ce spécialiste du comportement l’a justifié dans un dialogue avec les lecteurs organisé par le Wall Street Journal. Décaler son réveil de quelques minutes ne fait que perturber notre cerveau.
Nos neurones ont besoin d’une routine matinale, d’une régularité pour se réactiver. Si les messages qui leur sont transmis ne sont pas clairs, la mise en route n’en sera que plus difficile. Le New York Magazine se réfère à l’image d’un lien mental brisé entre le son de l’alarme et la nécessité de se lever. Si ce lien est brisé, le corps ne sait plus quand il faut initier le processus de se lever.
Nos quelques minutes de plus feraient plus de mal que de bien finalement.
–
Le test grandeur nature du saut de lit
Je n’avais pas attendu de découvrir les constats de Dan Ariely pour observer que mon bonus matinal n’était peut-être pas aussi vertueux que je le pensais. En effet, plutôt que de me permettre de me faire petit à petit à la nécessité de sortir du lit, cette pause me laissait le temps de regretter ma chimérique grasse matinée.
« Oh non, je veux encore dormir ! »
« Oh, je suis si bien dans mon lit, je ne veux pas commencer la journée ! »
« Ai-je vraiment envie de me lever et d’aller enchaîner métro et boulot ? »
Le résultat était une motivation réduite comme peau de chagrin, alors que mes journées n’étaient pas si déprimantes, à bien y regarder. Je décidais donc de revenir aux vieilles habitudes héritées de mes parents : sauter (ou presque) du lit à la 1ère sonnerie !
Quelques semaines après, je peux vous le confirmer : ça marche ! Le saut du lit n’est pas facile, certes, mais il en vaut la peine. Je ne me laisse plus le temps d’hésiter et c’est une fois devant un bon petit-déjeuner que mon esprit erre. Quand le thé chaud et le beurre tartiné compensent toutes les pensées maussades.
–
Le secret d’un bon réveil
La voici donc, la solution ! La formule magique du réveil (plus) dynamique. On la redoute, parce qu’elle n’a pas l’air très sympathique. Surtout, elle impose un mot qui en effraie plus d’un : la discipline.
Aïe. Se forcer à éteindre le réveil d’un geste assuré, relever la couette et poser le pied sur le tapis de lit. Après, à sa guise : se diriger vers les toilettes, allumer la radio et mettre la bouilloire en route, sortir la serviette de bain et entrer sous la douche… Mais ne pas se recoucher. Ne pas rester au lit.
Et ne pas flancher.
Le secret, c’est de prendre le pli de se réveiller pour de vrai dès le premier réveil – le seul désormais. Une fois la routine en place, le cerveau ne reçoit que des messages clairs et sait ce qu’il a à faire et à quel moment. On n’a plus le temps de rêver au sommeil arrêté trop tôt – car ce sera toujours trop tôt, sinon il n’y aurait pas de réveil.
Pour réussir ce véritable tour de force, on peut accompagner son lever héroïque d’une phrase positive, tenter de bloquer toute invasion de démotivation avec la bonne méthode Coué. Se prendre pour un winner. Un yes man. Un MacGyver du quotidien.
« Make the best of it ! »
« Vis ce jour comme si c’était le dernier. »
« Aujourd’hui, je kiffe ! »
–
C’est dur au début, mais à force on peut tous y arriver non ?
–
