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Nuit Debout, des idées et après ?
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Nuit Debout… Ce mouvement de citoyens occupant les places de grandes villes pour se retrouver, échanger et débattre sur des sujets en tout genre a d’abord généré beaucoup de questionnements. Quel est le but de ces rassemblements ? Qui y participe ? Nuit Debout ne se proclame d’aucune mouvance politique, ne s’identifie à aucune minorité précise. On commence par être sceptique.
Puis le mouvement s’installe et essaime dans de nombreuses villes. Le fonctionnement se définit. Il y a des commissions sur des thèmes variés pour permettre l’échange constructif, annoncées sur le site nuitdebout.fr. Puis chaque jour a lieu l’Assemblée Générale, pour faire le bilan et être tous ensemble. Nuit Debout se veut égalitaire, avec un temps de parole identique pour tous et une parole donnée à tous. On parle de démocratie horizontale, et finalement c’est très beau.
On ne sait toujours pas ce que deviendra Nuit Debout. Aujourd’hui, on entend plus parler d’évacuations musclées de la place de la République que des nouveaux débats. On ne sait pas non plus s’il en sortira quelque chose de concret. Quoi qu’il en soit, Nuit Debout apporte déjà beaucoup de bénéfices immatériels : des idées venues du peuple avec le respect de la diversité des points de vue, la preuve que les citoyens veulent s’impliquer et qu’une autre forme de débat public est possible, et l’espoir d’une démocratie meilleure.
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© Eric FEFERBERG / AFP
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Une nuit à Nuit Debout, place de la République
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Et comment c’est Nuit Debout en vrai ? J’en entendais parler à la radio pendant mon petit-déjeuner, mais ça ne restait que des mots. A quoi ressemble notre chère place de la République maintenant ? Y a-t-il beaucoup de monde ? De quoi parle-t-on ?
Depuis le 31 mars, les jours passaient et je n’avais pas encore eu le temps d’y aller. Vendredi 29 avril, je m’y suis enfin décidée.
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20h00 – Je prends le métro. J’ai des questions plein la tête et les réponses ne sont pas loin. La place de la République est si près, et il s’y passe quelque chose de grand.
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20h20 – J’arrive. La République me paraît bien déserte. Je ne vois que quelques tentes improvisées de pieds en métal et grandes toiles sur une moitié de la place. Des groupes de personnes sont là, mais c’est loin de l’image de foule bien assise que j’avais vu sur Internet. La belle Marianne trône toujours au centre, le pied de la sculpture portant les marques des différents événements dont elle a été récemment témoin.
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20h30 – Tout s’explique ! Les commissions et l’assemblée générale n’ont pas eu lieu comme d’habitude. Le fonctionnement de Nuit Debout a été perturbé par l’évacuation musclée de la place par les policiers la nuit du 28 au 29 avril. Suite au mouvement de grève contre la loi travail du 28 avril, des centaines de personnes rassemblées à Nuit Debout ont refusé de quitter les lieux passé minuit, heure de fin de déclaration du rassemblement. Les forces de l’ordre sont intervenues avec des grenades lacrymogènes et assourdissantes, et des heurts ont éclaté dans les rues proches…
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20h40 – Il y a tout de même des débats et des échanges place de la République. Sous les « tentes » sont assis (et debout) des citoyens de tout âge. Un micro accompagné d’un haut-parleur portable passe de mains en mains. Ici, on parle « art et culture ». J’arrive en milieu de discussion. On discute de la création d’une adresse email de référence pour les commissions culturelles. Se pose la question d’un nom approprié. Tout de suite, on parle de vote. On émet des idées. Mais pour tout vous avouer, ce n’est pas passionnant… Je passe à la tente d’à côté !
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20h45 – Ici un panneau indique « Débat précarité Europe ». Soit. Je m’assieds et je décide de rester écouter plus longtemps. Un Italien témoigne de mouvements de grève de son pays, traduit par un Français à ses côtés. La parole passe à un représentant de la Coordination des Intermittents et Précaires à sa droite. C’est une sorte de table ronde, le micro est donné à des personnes identifiées, pertinentes pour parler de la précarité et des actions menées pour défendre les droits des salariés les plus démunis.
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21h10 – Tiens, il pleut. Les tentes avaient été mises en place en prévision. Tout le monde se sert sous la toile percée. Ici, on s’organise comme on peut, mais les choses restent organisées. Les intervenants veillent à ne pas abuser de leur temps de parole. La discussion est enregistrée pour garder une trace des échanges.
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21h20 – La pluie s’intensifie. La nuit s’installe et l’on ne distingue plus bien les visages. Mais ça n’a pas d’importance. Les gens restent et de nouvelles personnes continuent de se joindre à l’assemblée. Tous écoutent. Quand un imprimé est distribué, chacun veut sa feuille.
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21h25 – OK, il vase. On arrive au temps des questions. Vraiment, on sent qu’ici tout le monde est bienvenu. Il y a à Nuit Debout une véritable envie de solidarité et d’égalité, et ça fait du bien ! Bon, par contre, les gens fument. En voilà un bémol. Ma vision de la démocratie n’incluait pas ça.
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21h40 – Je rejoins la foule de parapluies qui forment l’Assemblée Générale. Oui, elle a enfin lieu, malgré les violences de la nuit et malgré la pluie ! Les tours de parole durent 2 minutes et l’on peut venir parler de n’importe quel sujet. Une personne passe parmi la foule demander qui souhaite s’exprimer. Puis quand son prénom est appelé, on vient prendre le micro. Là, un jeune homme lit une lettre écrite par sa mère infirmière qui a tenté de se suicider à cause de ses conditions de travail. On attend ensuite l’intervention de Hôpital Debout. Des représentants des commissions sont invités à venir faire le bilan de leurs échanges et annoncer leurs idées.
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21h50 – Au moment où je pars, on appelle les représentants Centrafrique Debout. Décidément, tous les groupes peuvent exister. Je quitte la place de la République les pieds trempés et un peu déçue de ne pas avoir vu Nuit Debout dans sa forme habituelle. Mais j’ai vu l’essentiel de Nuit Debout : la diversité des échanges, la volonté de tous d’un débat démocratique meilleur, le respect de la parole de chacun.
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