L’été à Paris

romy schneider alain delon la piscine

©La Piscine

Passer l’été à Paris, à moins d’être Parisien pure souche (et encore), c’est la pire punition que l’on puisse infliger à quelqu’un. C’est comme obliger un amateur de pâtes au pesto à s’en priver pour un an. C’est comme envoyer l’arachnophobe de la bande dans l’épreuve des insectes à Fort Boyard. C’est comme demander à un supporter ultra de dire une chose intelligente. C’est impossible.

Pourtant, certains le passent, l’été à Paris. Et ils en sortent indemnes. À quels petits plaisirs s’accrochent-ils alors ? Ce n’est certainement pas au soleil, lui qui depuis le printemps ne daigne pas se présenter à la face du monde plus de deux ou trois misérables jours. Ce n’est certainement pas non plus aux barbecues sur la plage que les Parisiens forcés s’accrochent. Certes, ils ont la plage. Mais pas les barbecues.

Pour élucider ce mystère, on a mené une enquête en immersion pendant deux longs mois. On a cherché comment retrouver dans la capitale les petits plaisir d’un été normal, à savoir : la détente, la baignade, le bronzage.

De la détente en terrasse

Dès qu’apparaissent les premiers rayons de soleil de l’année, les habitants de Paris fuient leurs appartement étriqués pour aller EN TERRASSE.

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Selon le Larousse, une terrasse est une « partie du trottoir longeant un café, et où sont disposés des tables et des sièges pour les consommateurs« .

Or, les trottoirs parisiens sont souvent étroits. Et ils longent souvent des routes très fréquentées. L’expérience de la terrasse parisienne mêle donc les effluves d’un rhum arrangé à celles, tout aussi enivrantes, des gaz d’échappement des centaines (des milliers ?) de voitures qui défilent devant la table vintage en fer forgé du café.

Le pire, c’est quand on arrive dans cet espace festif en bord de route et que toutes les tables, toutes les chaises et les moindres tabourets de fortune sont déjà occupés. Tandis qu’une personne qui vit un été normal n’en serait pas touchée outre mesure, préférant de toute façon ne pas se mêler à cette foule dense et presque pathétique, l’habitant de Paris, lui, est extrêmement déçu d’être arrivé trop tard.

Ces festivités en plein air typiquement parisiennes, ces voix fortes et ces rires aux éclats (l’ivresse et la joie de la terrasse, c’est quelque chose), eh bien, ce soir, les retardataires lésés ne pourront pas en être. Dans ce cas, deux possibilités : soit ils rentrent chez eux, bredouilles, soit ils se sacrifient et s’assoient à l’intérieur dans l’espoir vain qu’un « terrassien » s’en aille et laisse sa place.

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Et vus de l’extérieur, ils sont attendrissants ces gens heureux, agglutinés dans un petit périmètre de douceur autour duquel les voitures, les scooters et les vélos filent à toute allure.

Une baignade revivifiante à la piscine

Quand la chaleur se fait trop lourde, la baignade n’étant pas conseillée dans la Seine ni dans le canal de l’Ourcq, le Parisien convoite les PISCINES EN PLEIN AIR.

Il faut dire que c’est tentant, un bassin bien bleu au coeur des immeubles. Un moyen fort agréable de déjouer la fatalité et de se baigner, lui aussi ! De narguer ses amis sur Instagram et Snapchat en mode « RAF de pas avoir de vacances ! M’en fiche de vos photos de plage, j’ai la piscine moi, hm t’sais« .

S’imaginant être le seul à y avoir pensé il tente le tout pour le tout. Il enfile son maillot, enfourche sa Vespa (ou sa rame de métro) et débarque à la piscine. Dans ce domaine, le choix est vaste : Joséphine Baker pour les snobs qui recherchent l’effet « piscine à débordement sur la Seine », Keller pour les sportifs, Butte aux Cailles pour les nostalgiques. Allez, il choisit l’option Butte aux Cailles. La plus vieille piscine de Paris ne doit pas être si convoitée que ça.

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Et là, c’est le drame. Ses pieds traversent des couloirs chauds et humides, des cheveux égarés se mêlent entre ses orteils. Au fond du couloir, à travers la baie vitrée, un mirage : le soleil et la piscine extérieure lui font de l’oeil. Mais comme c’est un mirage, plus il s’en approche, plus la réalité le rattrape. Et quand il arrive à destination, il ne voit qu’une immense boîte en alu dans laquelle les sardines s’alignent comme dans un défilé de l’armée russe.

Certaines sardines rebelles ont osé s’allonger à la perpendiculaire, calées entre les rangées de pieds orientés vers le ciel et le rebord de la piscine, sur lequel d’autres pieds (plus petits, taille 20-30) courent et sautent sans cesse, aspergeant sporadiquement la tronche des sardines rebelles. Dans le bassin, des centaines de têtes cachent le bleu de l’eau. En dessous, notre Parisien courageux à présent découragé n’ose imaginer combien de litres de pipi se balladent.

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Dans ce cas, deux solutions s’offrent à lui : soit il trouve un périmètre de 50cm sur 1m70 pour s’allonger lui aussi, soit il rentre chez lui.

Vus de l’extérieur, ils sont fous ces Parisiens, heureux d’être au bord d’un point d’eau qui ressemble plus au royaume d’Hadès qu’à la piscine d’Alain Delon et Romy Schneider.

Un bronzage au poil dans les parcs

L’usage veut qu’été rime avec teint hâlé. Or, à Paris, rares sont les endroits qui permettent de se dorer la pilulle entière. Si ce n’est… les PARCS. Il y a toujours du monde, mais avec un peu de chance (et de malice), on peut tout à fait trouver des endroits calmes au coeur du bois de Boulogne, des Buttes Chaumont ou du parc Monceau.

Et parmi les usagers de ces espaces verts tant convoités figure celui qui ose le maillot de bain. Parce qu’il faut bien bronzer ! Serviette étalée, crème solaire appliquée, le voici profitant du soleil comme n’importe quelle autre personne en vacances. « Pas besoin d’aller bien loin pour passer du bon temps« , se dit-il alors.

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Mais au bout de quelques dizaines de minutes à peine, son impression change. C’est qu’il fait chaud, au beau milieu de l’herbe, sans air ni eau pour se baigner. Le front commence à perler, puis la poitrine. Avec un peu de chance il peut tomber sur un de ces vendeurs de bière et d’eau fraîche à la sauvette. L’instant d’une rasade de boisson, il se sent requinqué pour la journée.

Mais très vite, il suffoque à nouveau puis se lève pour prendre une bouffée d’air en altitude. Et voilà qu’il découvre, non sans honte, que ses fesses sont couvertes de brins d’herbes, collés comme des sangsues sur sa chair mouillée. Dommage, les zouz devant lesquelles il s’était allongé pour exhiber sa plastique rient sournoisement. Il sue tellement que plus rien ne lui semble agréable.

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Dans ce cas, deux solutions s’offrent à lui : soit il persiste, plaçant son hâle au-dessus de toute autre priorité, soit il capitule et rentre au bercail. En général, c’est la deuxième solution qui prime, mais jamais sans faire un stop en terrasse, pour boire un soda bien frais à 5,80€.

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Manuela

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