Réseaux sociaux et image de soi : qui de mes moi est mon vrai moi ?

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Il n’y a pas si longtemps, je répondais au test Êtes-vous un connard d’Instagram ?. Je savais que j’avais une propension à enjoliver mes escapades du weekend ou la bavette à l’échalote dégustée en bord de route terrasse à Paris. Mais m’étant toujours moquée des utilisateurs narcissiques et totalement accros aux réseaux sociaux, j’étais certaine de ne pas être l’un de ces « connards d’Instagram ».

La réponse fut sans appel. J’étais « un connard non assumé ». N’est-ce pas pire que d’être un vrai connard ? Pour moi, la position est aussi humiliante que le misérable statut de vice-trou du cul au jeu de carte homonyme. J’étais, d’après le grand psychologue à l’origine de ce test absolument sérieux, prête à tomber dans le monde obscur des duckface et autres #iwokeuplikethis feints.

Car oui, en effet, tout en réalisant à quel point elles pouvaient être ridicules, il fallait bien que j’admette que je correspondais à quelques-unes des affirmations suivantes :

  • Avez-vous déjà posté une photo avec «chambre avec vue» en légende ?
  • Avez-vous déjà posté une photo de #foodPorn ?
  • Avez-vous déjà liké plusieurs photos d’un autre compte sans commencer à le suivre ?
  • Avez-vous déjà forcé un(e) ami(e) à liker une de vos photos ?
  • Avez-vous déjà liké une de vos propre photos pour passer la barre des 11 likes ?
  • Avez-vous attribué un hashtag spécial à votre groupe d’amis ?

Tout ça, je suppose, dans le but 1/ de récolter de précieux likes ; 2/ d’exhiber son bonheur, la variété de ses activités épanouissantes ou sa beauté (garantie seulement après 17 selfies préalables). Car il n’y a pas le droit à l’erreur sur les réseaux sociaux : nous y sommes tous nos propres chargés de communication, nous devons y exposer la plus belle part de nous-mêmes, car nos publications déterminent notre appartenance au clan des « cools » ou à celui des « bizuths ».

On sait tous, par exemple, que l’étalage d’une vie sentimentale chaotique sur Facebook est une erreur impardonnable, ou qu’une photo révélant votre solitude un samedi soir peut faire s’effondrer les fondations fragiles de votre e-popularité. Vous le faites, et vous devenez un BIZUTH, sans autre forme de procès.

Sachez-le, le bonheur de l’Homme moderne se mesure au nombre de likes obtenus sur sa dernière publication de bavette à l’échalote ou, encore mieux, de son selfie rayonnant. Ce n’est pas Mrpimpgoodgame, « the leader of the selfie movement », qui vous dira le contraire.

Mr Pimp Good Name, king of the Selfies.

Une étude très sérieuse en économie comportementale, publiée en mars dernier et réalisée auprès d’un échantillon de 2000 utilisateurs français, a prouvé ce lien entre nombre de likes sur Facebook et satisfaction personnelle. L’une des conclusions tirées est qu’une publication qui récolte beaucoup de pouces levés et suscite les commentaires positifs renforce l’estime de soi. En revanche, les gens qui sont en attente de plus de likes sont sujets à la comparaison et à l’envie et se déclarent plus souvent malheureux.

Mais pourquoi notre génération a-t-elle à ce point besoin de se montrer et d’être reconnue dans cette démonstration ? Oh, certains vont dire qu’ils n’en ont que faire, mais que celui qui n’a jamais publié quelque chose dont tout le monde se fout me jette la première pierre ! Nous sommes tous victimes, à des degrés différents, de ce phénomène 2.0. On se persuade que nos vies, comme nos photos, sont plus belles sous un filtre Instagram. Du moins qu’elles en ont l’air, et ça nous suffit presque.

Je ne me laisserai pas tomber dans ce gouffre ! Je ne serai ni connard d’instagram, ni connard non-assumé. Je ne laisserai pas triompher l’apparence et l’objectivation du moi !

Je dénoncerai la tricherie et la tromperie derrière les images ! Je prouverai que ce beau gosse est un faux beau gosse, qu’il prend ses selfies toujours du même côté car il est complexé par son profil droit ! Je me lancerai dans une « digital détox » courageuse ! Plus aucun détail de ma vie ne fuitera sur ces réseaux diaboliques !

But first, let me take a selfie.

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Manuela

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