« C’est le temps ! » et autres considérations météorologico-psychologiques de l’automne

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©MGM/Chantons sous la pluie

C’est l’automne. Cette saison traître plonge la moitié nord de la France dans un spleen gluant. Enfin, elle y plonge surtout les femmes, puisque pour 4 à 5 femmes déprimées par le mauvais temps qui s’installe, seul un homme a le même ressenti.

Quoi qu’il en soit, que vous soyez un homme ou une femme, au moindre coup de mou (ou de pep’s) vous avez forcément entendu que « c’est le temps ». Ni plus, ni moins.

« Bataille pas, c’est le temps ! »

Vous êtes fatigué(e) sans raison un jour de pluie ? « C’est cette flotte qui t’fait du mal ! » Le lendemain, vous peinez à sortir du lit et bâillez sans cesse alors qu’il fait grand beau ? « C’est le changement de température ! » Vous êtes ronchon(ne) ? « Ce sont ces giboulées de mars (en novembre) ! » Tout ce généreux accompagnement psychologique se concluant bien souvent par « Y’a plus d’saison ! » 

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©MGM/Chantons sous la pluie

Et pour cause. Quand il fait beau à Paris, on lit leur ego sur les visages des Parisiens. Ils sont des hommes et des femmes à part entière, ils marchent la tête haute, ils rient aux éclats devant leur troquet préféré pour narguer les recalés de la terrasse. Ils sont heureux.

Maintenant, regardez-les quand il pleut ! Ils s’alignent sur les trottoirs, courbant l’échine sous leurs misérables parapluies à 5€ qui durent 5 minutes. Quand ils trouvent enfin la paix des couloirs du métro, les voilà suant sous leurs imper’s et frisottant de leurs cheveux. Il n’y a plus DES Parisiens, il y a un ensemble, un truc, un gloubiboulga misérable de parisiens avec un petit ‘p’.

Idem chez les habitants de toute autre ville du monde qui est arrosée par la pluie et gelée par le froid en hiver. La coutume veut que ce phénomène n’ait qu’une explication plausible : c’est le temps.

Pourquoi est-ce le temps ?

Heureusement, il n’y a pas que la coutume et les croyances pour éclairer les grandes questions de ce monde. Il y a aussi la science (et tous ces chercheurs qui font ce travail à notre place).

Nombreux sont les scientifiques qui ont posé la question du rapport entre l’humeur et le temps. En première ligne (dans tous les sens du terme) : Hippocrate, ce joyeux drille du Ve siècle avant J.C. L’homme est compris à l’époque comme étant lié à la nature. On représente l’homme comme composé de quatre « humeurs » (sang, bile noire, bile jaune et lymphe) qui doivent être équilibrées les unes par rapport aux autres. Ainsi, selon cet équilibre propre à chacun, certains hommes sont des sanguins, d’autres des mous du gland (les fameux lymphatiques). Or, les saisons, entre autres, seraient un facteur de déséquilibre de ces humeurs. Et paf ! Le coup de blues saisonnier.

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Cette idée (plus approfondie sur Cairn) a prédominé jusqu’au XVIIe siècle. Et aujourd’hui encore, les expressions liant les liquides biologiques aux humeurs font partie de notre langage : on broie du noir (la fameuse bile), on a « ses humeurs », ça nous glace le sang, on s’fait pas d’bile.

Une autre explication tient au culte voué au soleil dans toutes les civilisations, qui se serait ancré dans les esprits jusqu’à notre génération de « chargés de projets web ». Les hommes préhistoriques, par exemple, chassent et cueillent mieux quand le soleil est de la partie. Ils aiment mieux le soleil. Du coup, nous aussi, des milliers d’années plus tard, on croit dur comme fer en la vertu du beau temps. Alors que la pluie et la tempête, c’est l’inertie, c’est les pieds qui mouillent, c’est la retraite des troupes de Napoléon en Sibérie. Et puis, preuve ultime s’il en faut une : les films d’horreur ont lieu sous la pluie battante et l’orage menaçant.

Voilà pourquoi c’est le temps.

Est-ce vraiment le temps ?

Dans Mood and Temperament (Guilford Press), David Watson, spécialiste américain de l’humeur et professeur de psychologie, discrédite l’idée selon laquelle le mauvais temps déprime. D’après son décryptage d’une vingtaine d’études tentant de prouver le lien entre le temps et l’humeur, il conclut que plus il y a de personnes interrogées, moins le lien est crédible.

Pour lui, on est de bonne humeur en été parce qu’on a davantage l’occasion de sortir et de voir des amis. Alors qu’en hiver, le plaid est bien souvent le meilleur allié de la soirée. Et puis qu’on se le dise, personne ne dit « c’est le temps » en évoquant le beau temps. On ne vous répond pas « c’est parce qu’il fait beau » quand vous dites que vous avez été pris(e) d’un fou rire au travail.

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©MGM/Chantons sous la pluie

Voilà l’idée de Monsieur Watson. Qui croire ?

Nous tout ce qu’on se dit, c’est que c’est chiant ce mois de novembre, cette pluie, ce froid et tout ce tralala. Et on se dit aussi qu’on est plus mollassonnes, qu’on a envie de rien, qu’on veut hiberner devant le chauffage électrique qu’on vient d’allumer.

Et quand on demande pourquoi autour de nous, on nous répond que c’est le temps, pardi.

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Manuela

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