Le gamahuchage, ou l’histoire sans langue (de bois) de l’excitation buccale de la zone érogène féminine

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Il était une fois, l’histoire du gamahuchage. (Spoiler : du coup, ils se marièrent mais n’eurent pas beaucoup d’enfants.)

Gamahuchage, cunnus lingere, cunni, qu’est-ce à dire ?

Communément appelé cunnilingus ou cunni, la pratique en question tient son nom du latin cunnus, la vulve (et peut-on se demander également, au passage, si cunnus n’évoque pas les usagers des plages nudistes, les culs-nus ?), et lingere, lécher. Soit, en deux mots : lécher la vulve, ce qui paraît clair.

Pour ceux qui n’avaient pas pris latin en option au collège, le Larousse définit le cunnilingus comme suit : « excitation buccale des organes génitaux féminins ». Contrairement à la définition étymologique rapportée plus haut, celle du Larousse ne donne aucune indication pratique sur l’art et la manière de faire un cunnilingus. Tout ce qu’on sait, c’est que ça se passe avec la bouche (cf. le terme « buccale »). Le latin a le mérite de préciser qu’il faut aussi y mettre la langue.

Comme il n’y a jamais trop de définitions, explorons à présent le champ lexical populaire servant à désigner cet acte sexuel préliminaire (mais pas seulement). Selon la référence encyclopédique des Internets, à savoir Wikipédia, le « cunnilingus » est imagé de nombreuses manières :

« Tarte au poilfaire minetteléchouillebroute-minoubrouter la pelousebrouter le gazon, bouffer ou brouter la chatte ou la mottebrouter une moulepratiquer une tyroliennedescendre au barbudescendre à la cavegamahucher ou encore gougnotter »

Tels sont les mots de la page Wikipédia « Cunnilingus ». Si l’on comprend (et apprécie) la métaphore de la tarte au poil (et encore, l’épilation intégrale est en vogue, mais c’est un autre sujet), on comprend moins l’image de la tyrolienne.

Vous remarquerez aussi que nous avons choisi, pour cet article, d’utiliser le terme « gamahucher ». Car, comme ce fut le cas pour la plume, PÉNIBLES apprécie la finesse et la délicatesse des jolis mots. Ceux qui tournent autour du pot, oui, mais qui n’en sont pas moins équivoques. Car figurez-vous que gamahucher vient du grec gamma, le sexe féminin.

Bref, nous parlerons ici de gamahuchage, pour la poésie. Et pour ceux qui restent sur leur faim, nous leur suggérons d’écouter cette chanson.

La plume historique fait de l’ombre au gamahuchage

Contrairement à l’histoire de la fellation, riche en mythes, en pratiques et en anecdotes, celle du gamahuchage est bien difficile à retracer.

Si l’on ne doute pas que la pratique a existé depuis que les hommes ont été dotés d’une langue, le gamahuchage jouit de peu de mentions dans les écrits. Du moins,  il n’est jamais nommé de but en blanc. Le gamahuchage est tabou. Plus tabou encore que la plume.

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Jane Birkin et Serge Gainsbourg à la première du film « Slogan » de Pierre Grimblat le 28 août 1969

Même Gainsbourg, le coquin qui a fait chanter la plume à France Gall en filant la métaphore du « sucre d’orge qui coule dans la gorge d’Annie », n’a pas nommé le gamahuchage dans ses chansons, si ce n’est indirectement dans « 69, année érotique« . On sait bien ce que 69 évoque, mais jamais on entend LE MOT. Si « gamahuchage » n’est pas le plus poétique des termes (quoi qu’il rime avec « couchage » et « comme sur un nuage »), plein de jolis mots riment avec cunni. Mais non, personne ne dit cunni dans la chanson.

Et pour cause. Saviez-vous que jusqu’à il y a une dizaine d’années encore, la sodomy-law était encore en vigueur dans certains États américains ? Et par « sodomy », elle entendait tout acte sexuel ne menant pas à la sainte reproduction. Voilà donc qu’au Texas, au Kansas, en Oklahoma et dans le Missouri, le gamahuchage était interdit. Aujourd’hui encore en Inde, l’article 377 du code pénal interdit les « relations charnelles contraires à l’ordre de la nature ». Un gamahuchage à haut risque, donc.

Tout ce qu’on sait, c’est qu’en bonne pratique sexuelle, il figure au Kâma Sûtra et est défini en ces termes (encore une définition) :

« Certaines femmes du harem, lorsqu’elles sont amoureuses, agissent de la bouche sur les Yonis l’une de l’autre, et certains hommes font la même chose avec les femmes. Pour faire ceci (c’est-à-dire baiser le yoni), on imitera le baiser sur la bouche. » 

Une définition tout à fait pratique et pédagogue du gamahuchage. Gamahuchage auquel on peut par la même occasion ajouter le charmant et exotique synonyme « baiser le yoni ».

Lors de cette incroyable enquête historique, nous sommes également tombées sur cette estampe japonaise, qui confirme l’existence de la pratique en extrême Orient (du moins en 1814) : oeuvre sans titre de Hokusai, elle est communément appelée Le Rêve de la femme du pêcheur.

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Le Rêve de la femme du pêcheur, Hokusai, 1814

Tabou ou non, Napoléon Ier était lui-même un grand amateur de gamahuchage. Et il le préférait même très odorant. Il aurait en effet écrit une lettre à sa compagne Joséphine dans laquelle il l’encourageait à arrêter de se laver 10 jours avant son retour. Voici un extrait de ces lettres : « Un baiser plus bas, plus bas que le sein. […] Tu sais bien que je n’oublie pas les petites visites ; tu sais bien, la petite forêt noire. Je lui donne mille baisers et j’attends avec impatience le moment d’y être. » Sacré coquinou, le Napoléon !

Le gamahuchage, consécration de la puissance féminine ?

C’est au 16ème siècle que Mateo Realdo Colombo, un professeur italien, met un mot sur le clitoris. Non seulement il le découvre, mais il l’associe également au plaisir féminin. Porte d’entrée de la jouissance des femmes, le clitoris fera l’objet, tout au long des siècles qui vont suivre, de toutes les convoitises. Encouragée parfois, sa mention a surtout été interdite. Car le plaisir féminin (et le plaisir tout court) n’a pas lieu d’être dans une société patriarcale (et religieuse).

Au XVIIIème, l’influence protestante va même jusqu’à interdire la masturbation. Adieu, gamahuchage ! Ce n’est qu’au XIXème que la masturbation est encouragée à nouveau, mais en couple seulement. Pour les célibataires, la seule solution réside alors chez le médecin. Oui, les médecins masturbaient les femmes (et les gamahuchaient certainement), car là était la clef de leur fertilité et le remède contre la fameuse « hystérie ».

La consécration du clitoris et du gamahuchage arrive avec les années 60-70, années de libération sexuelle chez la femme. Paraît-il qu’aujourd’hui, plus les femmes sont diplômées, plus elle se font gamahucher (source : Osez le Cunnilingus, Coralie Trinh Thi).

Bref, on a banni le gamahuchage car il faisait bien trop de bien aux femmes, mais voilà qu’il triomphe, comme un beau sourcil fourni. Une femme brésilienne est même allée, en 2013, jusqu’à tenter d’assassiner son mari en déversant un poison sur son clitoris, elle qui savait trop bien l’appétit de son mari pour le gamahuchage. Et paf ! Il n’a pas trouvé ça bon. Effrayé par ce goût, il a conseillé à sa femme d’aller à l’hôpital. Et là, révélation : elle avait tenté de le tuer ! Par son clitoris.

Sans aller jusque-là bien sûr, le plaisir du gamahuchage hisse la femme au rang de reine. Enfin, c’est l’histoire qui le dit.

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Manuela

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